lundi 17 juin 2013

Pas moins que lui


Vingt ans que, chaque soir dans ton lit tu t'endors seule. Vingt ans que tu sers dans tes bras ton corps pour le calmer. Vingt ans à t'étreindre toi-même. L'arrondi de tes seins, leur attache, leur douceur, leur volume.Le saillant de ta hanche, cette ligne qui part d'elle, va au creux de la taille, puis remonte le long de tes côtes jusqu'aux aisselles. (...) Vingt ans que chaque soir tu essaies de t'endormir, tes mains, tes bras enserrant du plus fort qu'ils peuvent ton corps, tentant d'apaiser les hurlements de solitude que ce corps abandonné n'arrive plus à faire. Vingt ans qu'ainsi enroulée sur toi-même, alors que la nuit est déjà bien avancée, tu cherches encore à trouver le sommeil. Puis brutalement tu t'endors. Parfois bien avant que ne vienne l'aurore, une soudaine chaleur t'envahit. Tu émerges étonnée d'un songe délicieux. Et tu découvres, déçue, ta propre main sur ton corps. Toujours et encore toi. Rien que toi.

Violaine Bérot ("Pas moins que lui", Editions Lunatique)

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