Saint-Jean-de-Dieu 150 ans après la mort de son
fondateur Paul de Magallon
Danièle Vaudrey
Association de gestion du centre hospitalier et des institutions médico-sociales Saint-Jean-de-Dieu de Léhon-Dinan, 2009
183 p., 19 €
En présentant le CH de Lehon-Dinan (Côtes d'Armor), l'auteur dresse en premier lieu un historique de la psychiatrie, avec l'appel de Marie de Médicis aux Frères hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, congrégation élevée au rang d'ordre en 1586. Au lendemain de la tourmente révolutionnaire, l'Ordre a disparu en France et Paul de Magallon (1784-1859) va le restaurer et créer en 1836, soit deux ans avant la grande loi « asilaire » le centre hospitalier Lehon-Dinan. Aux difficultés inhérentes aux débuts de toute entreprise, s'ajoute l'inquiétude de la population : « la folie fait peur ». Puis viennent « les années noires » de 1876-1878 : incendie des bâtiments, meurtres dans l'asile. L'établissement reconstruit est réquisitionné en grande partie pendant la Seconde guerre mondiale et les troupes d'occupation se soucient fort peu du confort des malades entassés et mal nourris. Mais l'histoire suit inexorablement son cours et l'activité normale reprend après la guerre. Avec l'arrivée des neuroleptiques, en 1952, « les fous deviennent des malades », le gardien devient soignant et, en 1960 avec la sectorisation, le soignant devient infirmier de secteur avec une formation spécialisée, « multiforme et complémentaire », tandis que se développent dans et hors de l'établissement les activités de gérontopsychiatrie, de pédopsychiatrie, la thérapie familiale et autres socio-psychiatries. Entre 1968 et 1975, les mouvements sociaux précipitent la laïcisation du centre hospitalier de Lehon-Dinan progressivement sur tous les postes. Avec le mouvement antipsychiatrique notamment, et l'émergence d'une nouvelle forme de conscience politique, les soignants s'insurgent contre le paternalisme religieux. Aujourd'hui, les Frères hospitaliers ne sont plus que quatre sans aucune fonction soignane.
L'ouvrage met enfin l'accent sur « une culture Saint-Jean-de-Dieu » faite de confiance et d'expression des valeurs « dont la première, dit Pascal Conan l'actuel directeur, est une conception humaniste de la prise en charge des patients ». Et il ajoute : « Certes, avons-nous les mêmes valeurs que les autres hôpitaux mais, ici, on n'en fait pas fi. »
Ce travail, de lecture aisée, comporte par nature un aspect novateur et s'appuie sur une bibliographie sérieuse.
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